La Baba Yaga (ou Ježibaba) est un
célèbre personnage des légendes slaves qui apparait souvent dans de nombreux
contes russes ou polonais En général
elle est décrite comme une vieille sorcière mais dans quelques récits elle
apparait aussi comme une jeune et belle femme. En fait elle vieillirait d'un an
à chaque fois qu'on lui pose une question mais elle a la possibilité de
rajeunir en buvant une décoction de roses bleues parfois apportées par les
voyageurs:
Dans
un village de la campagne russe vivait une petite fille qui n'avait plus de
maman. Son père se remaria, mais il choisit une méchante femme. Elle détestait
la petite fille et la traitait mal. « Comment faire pour me débarrasser de
cette enfant ? » songeait la marâtre. Un jour que son mari s'était
rendu au marché vendre du blé, elle dit à la petite fille : « Va chez
ma sœur, ta gentille tante, et demande-lui une aiguille et du fil pour te
coudre une chemise. »
La petite fille mit son joli fichu rouge et partit. En route, elle se dit, comme elle était maligne : « J'irai d'abord demander conseil à ma vraie gentille tante, la sœur de ma vraie maman. » Sa tante la reçut avec bonté.
« Tante, dit la petite fille, la nouvelle femme de papa m'a envoyée chez sa sœur lui demander une aiguille et du fil pour me coudre une chemise. Mais d'abord, je suis venue te demander, à toi, un bon conseil.
La petite fille mit son joli fichu rouge et partit. En route, elle se dit, comme elle était maligne : « J'irai d'abord demander conseil à ma vraie gentille tante, la sœur de ma vraie maman. » Sa tante la reçut avec bonté.
« Tante, dit la petite fille, la nouvelle femme de papa m'a envoyée chez sa sœur lui demander une aiguille et du fil pour me coudre une chemise. Mais d'abord, je suis venue te demander, à toi, un bon conseil.
Tu as eu raison. La sœur de ta marâtre n'est autre que Baba-Yaga, la cruelle
ogresse ! Mais écoute-moi : il y a dans son jardin un bouleau qui
voudra te fouetter les yeux avec ses branches, noue un ruban autour de son
tronc. Tu verras une grosse barrière qui grince et qui voudra se refermer toute
seule, mets de l'huile sur ses gonds. Des chiens voudront te dévorer,
jette-leur du pain. Enfin, tu verras un chat qui te crèverait les yeux,
donne-lui un bout de jambon.
– Merci bien, ma tante » répondit la petite fille.
– Merci bien, ma tante » répondit la petite fille.
Elle marcha longtemps, puis arriva enfin à la maison de Baba-Yaga. Baba-Yaga
était en train de tisser. « Bonjour ma tante.
– Bonjour, ma nièce.
– Ma mère m'envoie te demander une aiguille et du fil pour qu'elle me couse une chemise.
– Bon, je m'en vais te chercher une aiguille bien droite et du fil bien blanc. En attendant, assieds-toi à ma place et tisse. »
La petite fille se mit au métier. Elle était bien contente.
– Bonjour, ma nièce.
– Ma mère m'envoie te demander une aiguille et du fil pour qu'elle me couse une chemise.
– Bon, je m'en vais te chercher une aiguille bien droite et du fil bien blanc. En attendant, assieds-toi à ma place et tisse. »
La petite fille se mit au métier. Elle était bien contente.
Soudain, elle entendit Baba-Yaga dire à sa servante
dans la cour : « Chauffe le bain et lave ma nièce soigneusement. Je
veux la manger au dîner. »
La petite fille trembla de peur. Elle vit la servante entrer et apporter des bûches, des fagots et des seaux pleins d'eau. Alors elle s'efforça de prendre une voix aimable et gaie, et elle dit à la servante : « Hé, ma bonne, fends moins de bois, et pour apporter l'eau, sers-toi plutôt d'une passoire ! » Et elle lui donna son joli fichu rouge.
La petite fille regarda tout autour d'elle. Un feu vif et clair commençait à flamber dans la cheminée, l'eau se mettait à chanter dans le chaudron, et bien que ce fût une eau d'ogresse, elle chantait une jolie chanson.
Mais Baba-Yaga s'impatientait. De la cour, elle demanda : « Tu tisses, ma nièce ? Tu tisses, ma chérie ?
– Je tisse, ma tante, je tisse. »
La petite fille trembla de peur. Elle vit la servante entrer et apporter des bûches, des fagots et des seaux pleins d'eau. Alors elle s'efforça de prendre une voix aimable et gaie, et elle dit à la servante : « Hé, ma bonne, fends moins de bois, et pour apporter l'eau, sers-toi plutôt d'une passoire ! » Et elle lui donna son joli fichu rouge.
La petite fille regarda tout autour d'elle. Un feu vif et clair commençait à flamber dans la cheminée, l'eau se mettait à chanter dans le chaudron, et bien que ce fût une eau d'ogresse, elle chantait une jolie chanson.
Mais Baba-Yaga s'impatientait. De la cour, elle demanda : « Tu tisses, ma nièce ? Tu tisses, ma chérie ?
– Je tisse, ma tante, je tisse. »
Sans faire de bruit, la petite fille se leva, alla à la
porte… Mais le chat était là, maigre, noir, effrayant ! De ses yeux verts
il regarda les yeux bleus de la petite fille. Et déjà il sortait ses griffes
pour les lui crever. Mais elle lui donna un morceau de jambon et lui demanda
doucement : « Dis-moi, je t'en prie, comment je peux échapper à
Baba-Yaga ? »
Le chat mangea d'abord tout le morceau de jambon, puis il lissa ses moustaches et répondit : « Prends ce peigne et cette serviette, et sauve-toi. Baba-Yaga va te poursuivre. Colle l'oreille contre la terre, si tu l'entends approcher, jette la serviette, et tu verras ! Si elle te poursuit toujours, colle encore l'oreille contre la terre, et quand tu l'entendras sur la route, jette le peigne, et tu verras ! »
La petite fille remercia le chat, prit la serviette et le peigne, et s'enfuit.
Le chat mangea d'abord tout le morceau de jambon, puis il lissa ses moustaches et répondit : « Prends ce peigne et cette serviette, et sauve-toi. Baba-Yaga va te poursuivre. Colle l'oreille contre la terre, si tu l'entends approcher, jette la serviette, et tu verras ! Si elle te poursuit toujours, colle encore l'oreille contre la terre, et quand tu l'entendras sur la route, jette le peigne, et tu verras ! »
La petite fille remercia le chat, prit la serviette et le peigne, et s'enfuit.
Mais à peine sortie de la maison, elle vit deux chiens
encore plus maigres que le chat, tout prêts à la dévorer. Elle leur jeta du
pain tendre, et ils ne lui firent aucun mal.
Ensuite, c'est la grosse barrière qui grinça et qui
voulut se refermer pour l'empêcher de sortir de l'enclos. Mais comme sa tante
le lui avait dit, elle lui versa toute une burette d'huile sur les gonds, et la
barrière s'ouvrit largement pour la laisser passer. Sur le chemin, le bouleau
siffla et s'agita pour lui fouetter les yeux. Mais elle noua un ruban rouge à
son tronc, et le bouleau la salua et lui montra le chemin.
Elle courut, elle courut, elle courut. Pendant ce
temps, le chat s'était mis à tisser. De la cour, Baba-Yaga demanda encore une
fois : « Tu tisses, ma nièce ? Tu tisses, ma chérie ?
– Je tisse, ma vieille tante, je tisse, répondit le chat d'une grosse voix. »
Furieuse, Baba-Yaga se précipita dans la maison. Plus de petite fille ! Elle rossa le chat et cria : « Pourquoi ne lui as-tu pas crevé les yeux, traître ?
– Je tisse, ma vieille tante, je tisse, répondit le chat d'une grosse voix. »
Furieuse, Baba-Yaga se précipita dans la maison. Plus de petite fille ! Elle rossa le chat et cria : « Pourquoi ne lui as-tu pas crevé les yeux, traître ?
– Eh !
dit le chat. Voilà longtemps que je suis à ton service, et tu ne m'as jamais
donné le plus petit os, tandis qu'elle m'a donné du jambon ! »
Baba-Yaga rossa les chiens. « Eh ! dirent les chiens. Voilà longtemps que nous sommes à ton service, et nous as-tu seulement jeté une vieille croûte ? Tandis qu'elle nous a donné du pain tendre ! »
Baba-Yaga rossa les chiens. « Eh ! dirent les chiens. Voilà longtemps que nous sommes à ton service, et nous as-tu seulement jeté une vieille croûte ? Tandis qu'elle nous a donné du pain tendre ! »
Baba-Yaga secoua la barrière. « Eh ! dit la
barrière. Voilà longtemps que je suis à ton service, et tu ne m'as jamais mis
une seule goutte d'huile sur les gonds, tandis qu'elle m'en a versé une pleine
burette ! »
Baba-Yaga s'en prit au bouleau. « Eh ! dit le
bouleau. Voilà longtemps que je suis à ton service, et tu ne m'as jamais décoré
d'un fil, tandis qu'elle m'a paré d'un beau ruban de soie !
– Et moi,
dit la servante, à qui pourtant on ne demandait rien, et moi, depuis le temps
que je suis à ton service, je n'ai jamais reçu de toi ne serait-ce qu'une
loque, tandis qu'elle m'a fait cadeau d'un joli fichu rouge ! »
Baba-Yaga siffla son mortier, qui arriva ventre à
terre, et elle sauta dedans. Jouant du pilon et effaçant ses traces avec son
balai, elle s'élança à la poursuite de la petite fille, à travers la campagne.
La petite fille colla son oreille contre la
terre : elle entendit que Baba-Yaga approchait. Alors elle jeta la
serviette qui se transforma en une large rivière ! Baba-Yaga fut bien
obligée de s'arrêter.
Elle grinça des dents, roula des yeux jaunes, courut à
sa maison, fit sortir ses trois bœufs de l'étable et les amena près de la
rivière. Et les bœufs burent toute l'eau jusqu'à la dernière goutte. Alors
Baba-Yaga reprit sa poursuite.
La petite fille était loin. Elle colla l'oreille contre
la terre. Elle entendit le pilon sur la route. Elle jeta le peigne qui se
changea en une forêt touffue ! Baba-Yaga essaya d'y entrer, de scier les
arbres avec ses dents. Impossible ! La petite fille écouta : plus
rien. Elle n'entendit que le vent qui soufflait entre les sapins verts et noirs
de la forêt.
Pourtant elle continua de courir très vite parce qu'il
commençait à faire nuit, et elle pensait : « Mon papa doit me croire
perdue. »
Le vieux paysan, de retour du marché, avait demandé à
sa femme : « Où est la petite ?
– Qui le sait ! Avait répondu la marâtre. Voilà des heures que je l'ai envoyée faire une commission chez sa tante. » Enfin, la petite fille, les joues toutes rouges d'avoir couru, arriva chez son père. Il lui demanda :
« D'où viens-tu, ma petite ?
– Ah ! dit-elle. Petit père, ma mère m'a envoyée chez ma tante chercher une aiguille et du fil pour me coudre une chemise, mais ma tante, figure-toi que c'est Baba-Yaga, la cruelle ogresse ! »
– Qui le sait ! Avait répondu la marâtre. Voilà des heures que je l'ai envoyée faire une commission chez sa tante. » Enfin, la petite fille, les joues toutes rouges d'avoir couru, arriva chez son père. Il lui demanda :
« D'où viens-tu, ma petite ?
– Ah ! dit-elle. Petit père, ma mère m'a envoyée chez ma tante chercher une aiguille et du fil pour me coudre une chemise, mais ma tante, figure-toi que c'est Baba-Yaga, la cruelle ogresse ! »
Et elle raconta toute son histoire. Le vieil homme
était très en colère. Il roua de coups la marâtre et la chassa de sa maison en
lui ordonnant de ne plus jamais revenir.
Depuis ce temps, la petite fille et son père vivent en
paix. Je suis passée dans leur village, ils m'ont invitée à leur table, le
repas était très bon et tout le monde était content.